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Philippe Pivion, "Dès lors, ce fut le feu"

 

Philippe Pivion, "Dès lors, ce fut le feu"

Philippe Pivion, "Dès lors, ce fut le feu"
Cherche Midi | 2012 | ISBN: 2749127106 | French | EPUB | 512 pages | 0.6 MB

Toute la jeunesse de Victor de l'Espaing avait été baignée des discours de l'Action française. Son père, Charles, observait un véritable culte pour le roi. Tous les maux qui s'abattaient sur la France provenaient de la République et des Juifs, assassins du Christ. Depuis que Blum gouvernait et que les communistes faisaient la pluie et le beau temps, les de l'Espaing vivaient une descente aux enfers. Lui, Victor, malgré ou bien à cause de ses vingt ans, avait une envie folle de prendre les choses en main et, fût-ce au péril de sa vie, il se sentait prêt à renverser par les armes l'ordre établi. Bref, il bouillonnait. Cette attitude, il la trouvait d'autant plus nécessaire que, de l'autre côté des Pyrénées, des hommes, nationalistes comme lui, guerroyaient dans des armées qui avaient fait sécession pour restaurer la foi et l'ordre dans une Espagne en proie à tous les démons de la Terre. Tandis qu'ici, avec les militants de l'Action française, ses amis, il attendait le moment et les moyens de régler son compte à cette République que Maurras vilipendait à longueur d'articles. Il en vint à s'étonner des critiques contre les tentatives de Deloncle de structurer une organisation secrète dont l'objectif consistait à préparer une insurrection armée, et pourquoi pas à liquider les ministres, les corrompus, les salopards qui traînaient l'ancien royaume dans la fange. La Cagoule, c'est ainsi que Pujo avait baptisé par dérision cette organisation dans laquelle l'esprit fougueux de Victor forgeait des espoirs. Avec l'impétuosité de sa jeunesse, il trouvait plus de vertus à ceux qui agissaient et il regrettait que lors de la diffusion du journal de l'Action française, le dimanche à la sortie de l'église, des Rouges ne fussent pas présents, provocateurs, pour faire le coup de poing et passer ainsi à l'acte.

Victor idolâtrait un ami de son père, le général Edmond Duseigneur, un as de l'aviation en 1914. Au cours de la Grande Guerre, l'aviateur Charles de l'Espaing et le général Duseigneur s'étaient découvert des affinités. De retour dans leur foyer, ils s'étaient fréquentés les dimanches et les jours de réunion de l'organisation royaliste à laquelle ils avaient adhéré. Victor avait écouté avec avidité les récits des combats aériens qui maintenant faisaient place à la politique, surtout depuis l'échec de la tentative de coup d'État du 6 février 1934. Victor buvait ces récits qui l'entraînaient dans maintes rêveries, passant des intrépidités aériennes aux combats sur le pavé parisien. Parfois, la haine que les deux hommes portaient à la République les emportait, la bonne chère aidant. Alors, pour appuyer leur propos, du plat de la main ils martelaient la nappe brodée, faisant tinter les couverts déposés sur les assiettes de Limoges. La mère de Victor poussait alors des «ah», des «oh», des «Charles», en pure perte. Il fallait mettre à bas ce repaire de scélérats ! Victor mûrissait au milieu de ces emportements, de ces fanfaronnades, s'en imprégnant.
L'année 1936 amplifia les discussions qui se terminaient dans le secret du bureau paternel. Depuis peu, Victor avait remarqué que les deux hommes prenaient garde à leurs relations, vérifiaient que le curé de la paroisse ne déviait pas de la tradition oecuménique, défilaient moins avec les Camelots du roi, ne manifestaient plus avec l'Action française. Ils vibraient par contre à l'évocation de la lutte antibolchevique, se disaient sensibles aux idées du chancelier Hitler, ne réagissaient qu'à peine aux appels à la restauration.

Revue de presse
Les personnages historiques comme le sinistre Dupré (qui sera fusillé en 1952), Pierre George (le futur colonel Fabien de la Résistance), Ricardo Reyes - alias Pablo Neruda -, consul du Chili en Espagne qui sera rappelé par son gouvernement pour avoir pris parti pour les républicains, cohabitent avec vraisemblance aux côtés de personnages inventés comme Victor ou Dolorès. Livre d'histoire ou roman de fiction ? «Tout est vrai sauf l'histoire d'amour», affirme l'auteur qui se plonge de longs mois dans les journaux d'époque et épluche les archives des ambassades, du Quai d'Orsay ou des Colonies avant de se mettre à la rédaction. Son style épuré mais magnétique conjugué à une solide connaissance de l'histoire du Parti communiste n'ont plus qu'à opérer. (Gérard Thomas - Libération du 6 septembre 2012)

Dès lors, ce fut le feu, il nous jette au coeur de la guerre civile espagnole, dans un récit épique qui voit s'affronter loyalistes et mutins, Brigades internationales et forces de la réaction. On croyait connaître l'histoire, on la découvre  ! (Roger Martin - L'Humanité du 17 janvier 2013)


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