Vers la fin du IIIe millénaire av. J.-C., des cavaliers-migrateurs, venus peut-être du sud de la Russie, submergèrent par vagues successives la majeure partie du continent européen et poussèrent jusqu'aux confins de l'Inde. À ces conquérants, qui parlaient approximativement la même langue, on a attribué par convention le nom d'Indo-Européens. Ils partageaient une vision du monde tripartite - le système des trois fonctions - où s'articulent, selon un ordre hiérarchique : la souveraineté magique et juridique (la première fonction) ; la force physique et principalement guerrière (la deuxième fonction) ; la richesse tranquille et féconde (la troisième fonction). Ainsi ces très lointains ancêtres se fondaient-ils sur une conception de la société qui distingue en les hiérarchisant les prêtres, les guerriers et les éleveurs-agriculteurs.
Mythe et Épopée est consacré aux usages littéraires et non pas théologiques ou religieux que les principaux peuples indo-européens ont faits de leur commun héritage. Car si la structure des trois fonctions se présente d'abord comme une machine à faire les dieux, elle se révèle aussi être un formidable instrument de fabrication d'histoires. Pas uniquement de mythes, mais de récits profanes, de légendes, d'épopées, de contes où les dieux et les hommes s'en vont par trois.