En allant à la recherche des Gens de la rue des Rêves, il faut se
rappeler que l'auteur qui tire ici les fils de leurs songeries est
profondément attaché à Osaka, la grouillante et bruyante ville
où, quelque part dans le quartier sud, parmi le petit peuple de
ses commerçants, il a planté le décor de ce roman. Pour
décrire cette galerie hétéroclite de portraits attendrissants et
cocasses, Miyamoto Teru prête son regard à un apprenti poète
célibataire et démarcheur de son état qui, au fil de ses
interventions dans les soubresauts tragicomiques de l'existence
de ses voisins, nous invite à découvrir avec lui leur humanité
attachante : la femme du restaurateur chinois, la vieille
buraliste, le fils de l'horloger, les frères de la boucherie, le
photographe... Il noue, dans cette rue, autour de leurs
rencontres, de leurs manies, de leurs rêves et de leurs
confidences, un faisceau d'existences entrelacées, de souvenirs
vécus, fondus et recomposés avec une patiente minutie et une
ironie très douce.