Si les années 1980 ont correspondu à un reflux du politique et, du même coup, à une mise en veilleuse des débats sur l'engagement de l'art qui avaient agité le XXe siècle, il n'en reste pas moins qu'on a peut-être été trop prompt à en proclamer la caducité. La réflexion théorique sur les rapports entre l'art et le politique, qui avait pu sembler tarie, se renouvelle depuis une décennie en tentant de dépasser l'aporie des conceptions fondées sur la notion de représentation aussi bien que celles qui reposent sur l'homologie entre transgression formelle et révolution politique.
Le présent ouvrage entend cerner ce point de tangence de l'art et du politique. Réunissant des collaborateurs appartenant à plusieurs disciplines, il présente une série d'aperçus sur la manière dont le théâtre, le cinéma, la littérature ainsi que les arts visuels et performatifs négocient, à la fin du XXe siècle, leur insertion dans le champ politique. Provenant d'horizons divers, mais avec un centre de gravité québécois, les auteurs sont historiens, critiques ou politologues; leurs études brossent un état des lieux de la création contemporaine.
Si le primat de la représentation dans la lecture politique de l'art y paraît ébranlé, on constate que la représentation elle-même n'a peut-être pas perdu toute pertinence, dans la mesure où elle n'a pas cessé d'être mise en jeu.
Lucille Beaudry est professeure au Département de science politique de l'Université du Québec à Montréal. Carolina Ferrer est professeure au Département d'études littéraires de l'Université du Québec à Montréal. Jean-Christian Pleau est professeur au Département d'études littéraires de l'Université du Québec à Montréal.