Un officier rentre au village. " Sous une pluie battante, je gravis la digue de la rivière de mon pays natal. En me retournant, je vois l'arrière de l'autocar qui s'éloigne silencieusement en cahotant dans un nuage de fumée noire. Il disparaît en un clin d'œil. Aucune trace de vie humaine [...]. Une multitude de libellules aux couleurs magnifiques tourbillonnent au-dessus de la rivière. " Alors qu'il s'engage sur le pont, une voix l'appelle, du haut d'un saule, sur la rive. C'est un ami d'enfance et compagnon d'armes...Entre ciel et eau, de plus en plus près de la cime surplombant la rivière en crue, les deux amis évoquent leur enfance, la vie de caserne, leurs amours contrariées et les combats où la farce le dispute au tragique.
Mo Yan est ici poète et nostalgique. Triste aussi. Et en colère, une colère éclatante, portée par une ironie féroce, contre la bêtise de la guerre et de ceux qui la mènent, et une tendresse joyeuse pour ceux qui la subissent.