Véritable phénomène de société, le poker, qui " prend une minute à comprendre et toute une vie à maîtriser ", est le jeu de cartes le plus populaire au monde. Né dans les années 1820 près de la Nouvelle-Orléans, il est à l'image de l'histoire américaine, entre conquête de l'Ouest et Prohibition. C'est là qu'il n'a cessé d'évoluer, que ses multiples variantes ont été créées, que ses héros sont nés. Certes le poker a longtemps eu une réputation sulfureuse ; celle d'un jeu d'argent pratiqué clandestinement dans les saloons et autres lieux interlopes. Mais le poker a depuis fait peau neuve. De plaisir coupable, il est devenu respectable, séduisant des centaines de millions de joueurs dans le monde, de Las Vegas à Paris, des casinos de la côte d'Azur à la Maison Blanche. Dans ce village global, la référence reste néanmoins américaine, pour le meilleur et pour le pire. Car ce jeu d'argent, ce " sport ", comme aiment à le présenter ses défenseurs, a aussi son livre noir : addictions, triches, destins brisés, ombres mafieuses et pratiques illégales sont constitutifs de son histoire. Alors comment et pourquoi le poker est-il devenu universellement populaire, s'interroge Franck Daninos ? L'une des raisons tient à l'explosion de sa pratique sur Internet, un marché qui dépasserait aujourd'hui cinq milliards de dollars et comptent un million et demi d'adeptes en France. Les sommes d'argent considérables dédiées à sa promotion y contribuent également ; tout comme les gains démentiels qui peuvent être remportés. Mais c'est avant tout parce qu'il porte en lui un mythe, celui d'un monde où tout est possible. Réussir à partir de rien, grâce à ses mérites personnels, telle est la promesse du poker. En cela, il est le dernier avatar du rêve américain.