« En quelques minutes, la fumée devint telle que la vallée entière se tortillait comme un être vivant. Elle ressemblait à une gigantesque limace verte tachetée d'un sang jaune qui suintait là où le napalm l'avait touchée [.] Depuis notre position, on percevait la chaleur des embrasements. J'avais encore moins confiance en la précision des avions qu'en celle du pilonnage. Une vision très claire de ce qu'il adviendrait de notre petite unité sous l'impact d'un seul bidon de napalm s'imposa dans le peu d'esprit qu'il me restait. Je voulais m'enfuir et me cacher, mais il n'y avait nulle part où aller. Comme tous les autres soldats de mon unité, je restais planté à regarder l'orage de feu qui dévastait la jungle. »Aller combattre le communisme pour sauver le monde : tel est le motif qui conduit un jeune homme de vingt ans à se retrouver au cœur de la jungle du Vietnam, face à un ennemi insaisissable. Confronté à la mort, il ne peut se raccrocher qu'aux valeurs auxquelles il croit, chrétiennes, occidentales. Mais survivre à un crescendo de bombes, de napalm, de pièges vicieux mène à accepter les pires atrocités. Et à oublier la « guerre juste », lorsque se répand, dans une vision d'Apocalypse, le vin de la colère divine.