Ce qui importait pour elle, c'est que Lucky ne soit pas mort comme un autre sur cette plage. Cette mort, il l'avait décidée, il l'avait voulue. Lucky n'avait pas fait la guerre, il avait joué. Il n'était pas mort, il avait simplement perdu au jeu, perdu momentanément, tant qu'Arlington n'avait pas payé. Mais Lucky finirait par gagner, comme toujours, Alice s'en chargerait, Alice ne vivrait plus désormais que pour cela. Tous les rangers présents dans le car le comprirent. Alice n'était plus programmée désormais que pour une mission, une seule : faire payer les Arlington. Leur faire payer cette dette. » L'espoir était infime de s'en sortir vivant. Mais quand on s'appelle Lucky, qu'on a la chance du diable et qu'on aime la plus jolie fille du monde, Alice Queen, alors peut-être la mort n'est-elle qu'un défi. Un jeu. Ils étaient cent quatre-vingt-huit GI sur la péniche qui les menait au carnage de ce petit matin de juin 1944. Alors Lucky a joué sa vie. Alice sera une jeune veuve sublime et fidèle au souvenir de son fiancé.