Observer la loi du silence pour épargner à ses complices les rigueurs de la justice et mijoter dans le placard sans que personne se soucie d'envoyer des mandats ou des colis, il y a de quoi mettre en rage le plus doux des malfrats. Rien d'étonnant si Alphonse, libéré pour raison de santé, veut demander des comptes à ses associés de naguère : Rouquemoute le poussah, Edmond Clancul et Youpe le fourgue. Reste à savoir sous quelle pierre ces cloportes se sont cachés. Aux anciennes adresses, plus personne. En cours de route, Alphonse cueille une jolie fleur nommée Anne-Marie. Il l'a rencontrée dans une galerie d'art et la retrouve dans celle du fourgue transmué en mécène de la peinture. Ainsi le plomb vil en or s'est-il changé... Ce n'est rien comme métamorphose à côté de celle d'Edmond. Alphonse va au-devant d'une surprise autrement phénoménale. Il raconte tout cela d'une plume alerte mais châtiée (" Je travaille dans l'élagage ", dit-il), en homme qui a lu et vécu plus encore, ce qui lui permet de se moquer avec esprit des cuistres et des cagots et de découper avec art une tranche de vie succulente.