La politique de la peur, c'est celle qui, menée par la droite comme par la gauche, empile les lois liberticides, développe sans relâche les techniques de surveillance et les fichiers, et choisit de brandir toujours plus haut la menace « terroriste ». C'est celle qui, au nom du 11 septembre, s'en prend quotidiennement aux étrangers, aux jeunes, aux internautes, aux prostitués, aux chômeurs, aux autres, à tous les autres. Celle qui, avec l'active complicité des médias, fabrique des ennemis imaginaires (le « groupe de Tarnac », Cesare Battisti.) pour mieux détourner notre attention des oppressions quotidiennes. Pour les dirigeants politiques qui tentent vainement de gérer l'économie globale, la politique de la peur permet de compenser leur quasi-impuissance par un activisme répressif surmédiatisé. C'est enfin une « politique de civilisation » qui est à la fois la négation de la politique et de la civilisation.