Idrîsî, "La première géographie de l'Occident"
Flammarion | 1999 | ISBN: 2080710699 | Français | PDF | 516 pages | 105.3 MB
Au terme de son long règne (1105-1154) et peu de temps avant de mourir, le roi chrétien Roger II de Sicile commanda la rédaction d'une géographie du monde à Idrîsî, savant et prince musulman attaché à sa cour. Pour mener à bien cette tâche, celui-ci exploita des données innombrables, puisant dans les archives du palais royal ou les ouvrages existants et recourant à de nombreux informateurs. Saluée par Ibn Khaldûn ou Léon l'Africain, l'entreprise d'Idrîsî s'est révélée un modèle du genre, par l'intelligence théorique et le souci d'exactitude qui gouvernent et articulent son savoir. Pour la première fois, en outre, l'Europe faisait irruption dans le champ de géographie arabe. Cette édition présente les parties les plus neuves du travail d'Idrîsî, celles qui sont consacrées au monde occidental.
Revue de presse
Le Kitâb (géographie du monde habité) n'avait connu qu'une traduction française, celle de la 1ère moitié du XIXème siècle. En poche (GF), Flammarion nous livre ici une nouvelle traduction, plus particulièrement des chapitres consacrés à la géographie de l'Occident. Car la nouveauté du livre d'Idrîsi (XIIème siècle), c'était bien sûr l'Europe. Son inscription dans le champ de la géographie arabe imposait d'en renouveler les méthodes. L'ouvrage intéresse ainsi d'abord pour cet effort de construction d'un nouvel objet scientifique. La méthode est nouvelle, il s'agit de concevoir un système de fiches calibrant les informations collectées, pour autoriser la description homogène d'un espace peu connu. Mais il se recommande aussi pour son ouverture idéologique : le renoncement à un ordre du monde fondé sur la centralité de l'Islam. Saisir le monde sans exclusive, beau pari qui ouvre la voie à la géographie physique. Comme quoi la géographie ne sert pas qu'à faire la guerre. Même si l'on trouve ça et là un schéma géopolitique a priori, laissant entrevoir les zones de conflit de la Méditerranée. Le Kitâb n'est de toute façon ni une carte d'Etat major, ni un ouvrage technique, ni un manuel de commerce. Son inspiration est celle de l'honnête homme du XIIème siècle. Héritier de la grande culture arabe, il se présente comme faisant le point sur les savoirs engrangés et défendant l'honneur de l'esprit scolastique. -Joël Jégouzo-