Le livre. C'est une phrase qui dit tout.
Une formule qui résume l'idée selon laquelle l'idéologie des droits de l'homme, notamment portée par les « nouveaux philosophes » des années 1970, est solidaire du néolibéralisme des enfants du nouveau monde : « Qui commence par Kouchner finit toujours par Macron. »
Fidèle à sa théorie de la « double pensée », qui affirme que le libéralisme économique est solidaire du libéralisme culturel - la Silicon Valley et la PMA, même combat - Jean-Claude Michéa l'applique à la question juridique, et tourne sa critique radicale contre la philosophie du droit. La genèse juridique de la pensée libérale est d'ailleurs la partie la plus convaincante de l'ouvrage.
En historien des idées :
Michéa montre que ce sont les guerres de religions qui, du XVIe au XVIIe siècle, façonnent « l'imaginaire individualiste » de la philosophie occidentale. La « guerre de tous contre tous » à laquelle se livrent les contemporains du massacre de la Saint-Barthélemy ou du siège de La Rochelle les conduit à envisager l'homme, non pas seulement comme un « animal politique », selon la définition d'Aristote, mais comme « un loup pour l'homme », dans une célèbre formule reprise par Hobbes.
Au commencement, il n'y a pas la concorde mais la discorde ; il n'y a pas l'ange mais la bête. La société doit donc être fondée sur l'individu, sa sécurité et son intérêt. Ce pessimisme anthropologique conduit la philosophie libérale à réguler les relations humaines par l'entremise de deux entités sacralisées, le Droit et le Marché. Un montage normatif qui sera critiqué par Marx, auquel Michéa emboîte le pas.
L'alliance des « boat people » et des banquiers
Abandonnant le projet socialiste, la gauche se serait donc engouffrée et perdue dans ce libéralisme juridique, principe actif du nouvel esprit du capitalisme. Puisque dans son acception libérale, la liberté « consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit.