L'empire du bien triomphe : il est urgent de le saboter. Pour Philippe Muray, l'homme ne vit plus dans l'Histoire mais dans "L'Empire du Bien", une sorte de "parc d'abstractions" où le négatif n'a aucune place... Sur sa couverture, L'Empire du Bien est présenté comme un essai. On pourrait aussi facilement le qualifier de pamphlet tant le verbe est impitoyable, mais de manière plus générique, on peut le présenter comme une oeuvre littéraire signée par un homme brillant. C'est l'oeuvre d'un écrivain à la clairvoyance digne des plus illustres derniers grands écrivains qu'il cite souvent, de ceux qui savaient dépeindre une société sans se laisser berner par les apparences. Ses personnages à lui sont parfaitement anonymes et indistincts, ce sont les cellules folles d'un grabataire à l'article de la mort, et ce condamné n'est autre que la civilisation occidentale dans son ensemble.
Il y a vingt ans, lorsqu'il rédigea ce livre, le monde moderne n'avait déjà plus aucun secret pour Philippe Muray. L'écrivain nous le présentait dans toute son atrocité de consensus viral, d'indigence intellectuelle encouragée, de spectacle et festivités permanents, d'hygiénisme forcené et de positivisme obligatoire. Et tout cela au nom du Bien, de tous, du nôtre, bref, du Bien universel.