Il fait 45°C ce jour-là, dans ce champ du Pendjab. Asia cueille des baies depuis plusieurs heures. Dans cette chaleur, le travail est éprouvant, mais Asia et son mari ont cinq enfants à nourrir. Vers midi, en nage, Asia va jusqu'au puits le plus proche, prend un gobelet et boit de l'eau. C'est alors que sa voisine crie que cette eau est celle des femmes musulmanes et que cette chrétienne souille l'eau en la buvant. Et soudain, un mot fuse : «Blasphème!». Au Pakistan, c'est la mort assurée. C'était le 14 juin 2009. Asia Bibi est jetée en prison. Un an après, elle est condamnée à être pendue. Depuis elle croupit dans une cellule sans fenêtre. Sa famille a dû fuir son village, menacée par les musulmans. Deux hommes lui sont venus en aide : le gouverneur du Pendjab et le ministre des Minorités, un musulman et un chrétien. Tous deux ont été depuis sauvagement assassinés. Asia Bibi nous écrit du fond de sa prison. Elle est devenue une icône pour tous ceux qui luttent, au Pakistan et dans le monde, contre toutes les violences entreprises au nom de l'Islam.