Si vous cherchez une biographie de Mozart, passez votre chemin: la partie consacrée à l'homme Mozart occupe moins du quart de l'ouvrage et procède non chronologiquement mais par thèmes pour cerner le personnage. Vous pourrez toujours en français, si vous en supportez le ton à la fois idéologiquement engagé et larmoyant, vous replier sur le 'Mozart' de Brigitte Massin chez Fayard.
Mais si ce qui vous intéresse avant tout c'est l'oeuvre de Mozart, précipitez-vous sur ce livre. Ses limites ne lui permettent certes pas d'analyser les partitions dans le détail et certaines positions ont vieilli (Mozart, l'enfant éternel!.). Que d'idées pénétrantes cependant! Car Alfred Einstein, contrairement à nombre de ses concurrents, nous présente la musique de Mozart sous le seul angle véritablement pertinent: vue, l'on pourrait même aller jusqu'à dire vécue au sein de son époque et non à partir de l'histoire subséquente de la musique et en particulier de Beethoven. Trop de jugements sur la musique de Mozart ont été en effet déformés par le prisme de l'esthétique du Romantisme (et parfois aussi des idéologies à la mode). Un seul exemple suffira: la réévaluation de la musique d'Eglise de Mozart (comparez avec les appréciations sur ce point d'un Eric Blom dans son 'Mozart' de la collection 'Masters and Musicians'.).
Ajoutons que si l'introduction à la fois prétentieuse et très goût du jour de Pierre-Antoine Huré apparaît parfaitement inutile, les notes dues au traducteur, Jacques Delalande, sont autrement petinentes et précieuses.