« J'ai, de par le monde, trois ou quatre grands cuisiniers de mes amis, que je ménage pour collaborer dans un grand ouvrage sur la cuisine, lequel ouvrage sera l'oreiller de ma vieillesse. » C'est ainsi qu'Alexandre Dumas, le célèbre auteur des Trois Mousquetaires, présente ce qui sera son dernier ouvrage. Rédigé en Bretagne où, malade, il s'est retiré, le manuscrit du Grand dictionnaire de Cuisine est rendu à son éditeur Alphonse Lemerre en mars 1870. Alexandre Dumas meurt le 5 décembre de cette même année. Alphonse Lemerre en confie alors l'édition à Charles Marie René Leconte de Lisle (poète, successeur de Victor Hugo à l'Académie française) et à un jeune homme encore inconnu : Anatole France. Villemot, cuisinier réputé, apporte quant à lui ses conseils techniques. L'ouvrage paraît trois ans après la mort de Dumas. Ce travail colossal réunit toutes les réflexions qu'Alexandre Dumas avait assemblées au long de sa vie sur l'une de ses grandes passions : la cuisine. Son dictionnaire est une oeuvre riche, extravagante qui parle de cuisine avec les tripes autant qu'avec la tête, un ouvrage de passionné. Publié, il y a plus de 135 ans, ce dictionnaire n'en est pas moins passionnant à lire aujourd'hui. On se délectera à la lecture des recettes de pattes d'éléphants ou de steak d'ours. On s'instruira sur la manière de saigner les tortues. Mais surtout, on décèlera beaucoup de modernité dans les propos de Dumas lorsqu'il évoque les dangers de la surpêche. Parmi quelques trois mille recettes que compte le dictionnaire, certaines associations étonnent par leur modernité, comme le poulet aux huîtres par exemple.