Toute la théorie standard du central banking s'est construite sur le modèle de l'indépendance de l'institut d'émission vis-à-vis de l'Etat. Pourtant toute l'histoire des banques centrales ramène à l'Etat, ou plutôt à l'Etat-nation. Pour comprendre les raisons d'un tel paradoxe, cet ouvrage analyse l'évolution des rapports à l'Etat d'une quinzaine de banques centrales, représentatives de la diversité de ces institutions à travers le monde vieilles banques d'émission dont la genèse remonte à l'Ancien Régime, banques nationales créées avec la vague nationaliste de la fin du XIXe siècle, banques centrales d'émission nées de la disparition des empires après la première guerre mondiale, instituts d'émission nationalisés constitués après la seconde guerre mondiale ou avec la décolonisation, banques centrales nationales, enfin, (re)fondées avec la fin de la guerre froide et la marche vers l'unification monétaire de l'Europe. Deux traits communs ressortent de ces histoires croisées : l'ambivalence fondamentale des banques centrales situées à la zone frontière entre l'Etat-nation et le marché global, et leurs fonctions de stabilisation monétaire et financière qui en font des acteurs clés de régulation de la mondialisation.