La IIIe République a duré soixante-dix ans. Cette longévité exceptionnelle par rapport aux deux précédentes rompt avec la fatalité qui vouait jusque-là le régime républicain à succomber aux attaques des ennemis de la liberté. Elle permet aussi de l'enraciner dans la nation. L'école primaire, en particulier, contribue à diffuser l'amour de la République identifié à celui de la Patrie. Certes, l'attachement aux institutions n'est pas unanime.
La nécessité de les défendre entretient le débat démocratique et lui donne une vigueur aujourd'hui oubliée. Cependant, enfantée dans une défaite, cette république, trop coûteusement victorieuse en 1918, s'effondre dans une autre. De 1870 à 1940, on passe de la lampe à pétrole à l'électricité, du cheval à l'auto, de l'art nouveau à l'art-déco, de Monet à Picasso, de Verlaine à Breton, de Zola à Aragon, de Bizet à Ravel.
Le cinéma naît, apprend à parler, grandit. Grâce à lui, on peut voir et entendre certains des personnages qui ont façonné notre modernité. C'est à une remontée aux sources que les auteurs nous invitent. Les grands-parents d'aujourd'hui sont nés sous la IIIe République. Ce livre a pour ambition de faire découvrir à leurs petits-enfants quelle fut leur jeunesse, ce jasmin du temps, selon Apollinaire.
Jocelyne George, docteur d'Etat, est professeur en classes préparatoires au lycée Jules-Ferry à Paris. Jean-Yves Mollier est professeur d'histoire contemporaine à l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.