Voici, reproduite pour la première fois en quadrichromie, la totalité des figures du célèbre papyrus d'Ani, complété par les papyrus similaires d'Hunefer et Anhai, ensemble appelé communément depuis cent trente ans Le Livre des Morts.
Le papyrus d'Ani ne mesure pas moins de 24 mètres de long. Celui d'Hunefer 5,50 mètres et les litanies destinées à Anhai avoisinent 4 mètres.
De tels recueils d'invocations et d'incantations magiques étaient placés dans les tombeaux, selon une coutume datant approximativement du XVIIe siècle avant J.-C. Il s'agissait de permettre au défunt de triompher des dangers de l'Au-Delà, en lui offrant, notamment, la possibilité de se changer en l'une quelconque des puissantes créatures qui peuplaient l'univers des morts et, pour ce faire, en lui apprenant les mots de passe qui lui ouvriraient, une à une, les portes de l'Après-Vie.
Il est tout à fait évident que les peuples de la vallée du Nil crurent sans réserve que la mort leur offrait les voies d'une nouvelle vie. Ils n'étaient d'ailleurs pas les seuls, dans la Haute Antiquité, à professer cette foi, mais ils étaient sans doute parvenus, en ce domaine, à un degré d'initiation plus élevé que leurs contemporains.
Il est intéressant de noter que, s'ils décrivent la félicité des Champs Élysées où Ré emmène les défunts dans sa céleste croisière, les textes égyptiens ne soufflent mot de l'éventualité d'un séjour en Enfer. Le poids de l'âme - incarnée par le muscle cardiaque, principe vital par définition - est évalué selon des règles dont, malheureusement, on ne nous dit rien.
Quoiqu'il en soit, il s'agit ici d'un document de réelle importance, en ces temps où l'attrait pour l'antiquité égyptienne n'a jamais été aussi intense et où les problèmes de la Mort font l'objet d'examens et de réflexions renouvelés.