La philosophie ? Le mot, déjà, inquiète, et la chose, pour autant qu'on en ait l'expérience, ne rassure pas. À considérer l'histoire des vingtcinq
siècles de philosophie qui sont derrière nous, la philosophie apparaît comme un foisonnement, un buissonnement touffu dont les rameaux s'
emmêlent, poussant chacun vers un peu plus de lumière. Il ne s'agit pas d'une progression de la pensée, siècle après siècle, vers la Vérité
absolue. Les philosophes ne s'entendent pas très bien entre eux. Mais leurs désaccords ne sont pas plus surprenants qu'ils ne sont
nouveaux : ils tiennent en effet à l'essence même de la démarche philosophique. Un philosophe est quelqu'un qui veut comprendre tout ce qui,
au départ, lui posait problème : le monde, la nature, l'homme, les dieux. Et chacun, partant de son expérience personnelle, arrive par un
raisonnement d'une logique incontestable à une solution différente des autres. Partant de ce constat, Lucien Jerphagnon s'attache, non pas à
définir la philosophie, mais à nous guider à travers les différentes écoles de pensée. « Tout ce que je puis faire, juge-t-il, c'est d'exposer sous les
yeux du lecteur les vingt premiers siècles d'une aventure à laquelle il lui revient, si le coeur lui en dit, de découvrir un sens. » Du temps d'
Homère à celui de Jeanne d'Arc, tour à tour féroce et chaleureux, hilare et navré, il embrasse avec son habituelle érudition l'immense aventure
de l'esprit : les origines de la philosophie, les premiers physiciens, Socrate ou la conscience dans la cité, Platon ou la politique sous l'angle de
l'éternel, Aristote ou le Macédonien surdoué, les cyniques et les cyrénaïques, les épicuriens, les stoïciens, philosophes pour un monde
nouveau, Plotin ou l'absolu entrevu, Augustin ou les cieux nouveaux, la scolastique ou le retour d'Aristote.