À Orléans, en 1022, des hérétiques furent envoyés au bûcher pour la première fois dans l'histoire de l'Occident. Au cours des deux siècles qui
suivirent, un mécanisme fut progressivement instauré, qui allait perdurer bien au-delà du Moyen Âge: des personnes identifiées comme des
ennemies de la société chrétienne étaient désormais susceptibles de subir diverses formes de répression, jusqu'au supplice par le feu. Avec la
Croisade albigeoise, puis la création de l'inquisition en 1233, commença la persécution systématique de ceux que l'on accusait – à tort ou à
raison mais toujours en déformant leurs idées et leurs pratiques – de ne pas adhérer pleinement à la doctrine catholique.
Robert I. Moore, dans cet ouvrage majeur enfin traduit en français, retrace avec finesse et vivacité l'histoire des hérésies entre le XIe et le
XIIIesiècle, de l'Occitanie aux pays du Rhin, de l'Italie aux Flandres et à l'Angleterre. Il remet en cause bien des idées reçues. Faire la «guerre à
l'hérésie» se révèle avoir été un moteur de la transformation générale de la société et des pouvoirs, c'est-à-dire de la naissance de l'Europe au
Moyen Âge.