"Qu'ai-je donc fait pour souffrir si longtemps? – Eh! malheureux, ce que tu as fait? Ne le vois-tu donc pas? Tu vis trop."
Donatien Alphonse François de Sade (1740 1814) passa vingt-sept ans de sa vie en prison ou en asile d'aliénés. Écrivain, romancier, philosophe,
homme politique, on ne retint longtemps de lui qu'un cortège de rumeurs et une liste d'ouvrages clandestins pour la plupart introuvables. Entrée
depuis 1990 dans la Pléiade, son œuvre est aujourd'hui en livre de poche, et tout un chacun peut lire Les Cent Vingt Journées de Sodome, La
Philosophie dans le boudoir ou La Nouvelle Justine ou les Malheurs de la vertu. Mais Sade n'en reste pas moins un objet constant d'études et
de questionnements. En 1818, un chirurgien, nourri de phrénologie, avait examiné son crâne. Entre surprise et déception, il en avait conclu que
ce dernier "était en tous points semblable à celui d'un père de l'Église". Sade ne serait-il donc qu'un homme? Telle est la question.