« Si un historien fut longtemps ignoré, et pour de mauvaises raisons, c'est bien Augustin Cochin. On peut même dire que l'homme et l'oeuvre
seraient tombés dans un oubli complet si François Furet ne les avait tirés du sépulcre où l'historiographie révolutionnaire de la Révolution les
avait ensevelis.
À l'heure où l'on se gargarise de mots, à l'heure où le despotisme de "l'opinion", ou de ce qui en tient lieu, se fait plus sentir que jamais, à l'heure
où la démocratie partout célébrée est davantage un mantra qu'une réalité, en ces temps de disette et de médiocrité de la pensée, le retour aux
grandes oeuvres, originales et puissantes, est toujours comme un bain de Jouvence. »
Patrice Gueniffey
Chartiste de formation, historien de métier et sociologue de tempérament, Augustin Cochin est mort au champ d'honneur à trente-neuf ans, en
1916. François Furet le considérait comme l'un des deux historiens, qui, avec Tocqueville, surent penser la Révolution française. Cochin est
assurément celui qui a mis à jour le mécanisme de la Révolution, au sein de sociétés de pensée qui vont modeler une opinion publique nouvelle
et l'esprit démocratique moderne.
Cette oeuvre majeure, pour la première fois accessible dans sa quasi-exhaustivité, permet à la fois de comprendre l'effondrement de l'Ancien
Régime et de visiter les soubassements du phénomène démocratique. Outre l'essentiel du corpus d'histoire de la Révolution, dont le fameux Les
Sociétés de pensée et la démocratie, cet ouvrage contient l'ensemble des études de Cochin sur le protestantisme français, jusqu'ici jamais
publiées en volume. Il donne aussi à lire la correspondance inédite de l'historien où la finesse de l'homme vient percer la carapace du
chercheur.
Augustin Cochin fera toujours débat. Mais les questions qu'il entreprit d'explorer en solitaire il y a un siècle sont encore d'aujourd'hui. C'est déjà
beaucoup, et assez pour lui accorder toute notre attention.