Carmen apprend la mort soudaine du Grand Poète, sa seule attache à la Roumanie, au moment où elle traverse un rond-point occupé par un
peuple prêt à tout renverser. Alors, elle a comme un éblouissement : les souvenirs d'une autre révolution, conduite par ce poète autrefois
dissident, lui reviennent, intacts.
1989. Elle avait dix ans et écrivait des poèmes à sa « camarade maîtresse » pendant que sa mère, cachée dans la salle de bains, enregistrait des
K7 audio à destination d'une amie passée à l'Ouest et que son père échangeait les savons de son usine contre des petits pains. À l'époque, tout
cela lui paraissait aussi banal que la folie de sa grand-mère, surveillée depuis toujours par les autorités, ou que les ours des Carpates dont on
disait qu'ils mangeaient les enfants.
De quel genre de vague à l'âme naît une révolution ? Est-ce une impulsion animale ou poétique ? En conteuse aussi insolite qu'inspirée, Irina
Teodorescu puise dans les souvenirs vifs de son enfance pour mettre en scène trois générations de femmes - et quelques animaux à leur suite -
que rien ne préparait à voir la grande Histoire tout bousculer.