L'un des derniers grands mouvements à avoir marqué la science-fiction est sans conteste le cyberpunk. Villes étouffantes, omniprésence de l'informatique et des nouvelles technologies, rapports humains détruits... Si l'acte de naissance du mouvement est l'anthologie « Mozart en verres miroirs » composée par Bruce Sterling en 1986, un écrivain incarne à lui seul, et à son corps défendant, le cyberpunk : William Gibson. Né en 1948 en Caroline du Sud, le jeune Gibson connait une enfance difficile, qu'il traverse en lisant de la science-fiction et les textes de la contre-culture américaine. À l'âge de vingt ans, il émigre au Canada pour fuir la conscription et la guerre au Viet-Nam. Il reprend des études, fait des voyages, collabore à différents fanzines et se lance dans l'écriture. Sa première nouvelle paraît en 1977. Suivront notamment « Johnny Mnemonic » et « New Rose Hotel », deux récits portés à l'écran, où se mêlent culture underground punk, cybernétique et informatique. Des thématiques que Gibson synthétise avec brio en 1984 dans le roman Neuromancien, couronné par les prix Hugo, Nebula et Philip K. Dick. Comte Zéro et Mona Lisa s éclate continueront sur cette lancée pour former la « trilogie neuromantique ». Dans les années 90 et 2000, William Gibson publie des romans (Tomorrow's Parties, Identification des schémas) qui le voient s'éloigner des thématiques cyberpunk ayant fait sa renommée pour s'intéresser davantage à la modernité et ses mutations. Son dernier roman en date, The Peripheral, paraîtra au Diable Vauvert en début d'année 2020, en attendant une nouvelle traduction de Neuromancien annoncée pour bientôt. Dans ce numéro 96, Bifrost s'attachera a étudier l'oeuvre unique de William Gibson à travers deux articles biographiques signés Gary Westfahl, universitaire spécialiste de l'auteur, une interview par Larry McCaffery, une autre de Marion Mazauric, l'éditrice de Gibson en France, une guide de lecture exhaustif et une bibliographe signée Alain Sprauel. Sans oublier un long extrait de Neuromancien dans sa nouvelle traduction inédite, et des récits tout aussi inédits signés Claude Ecken, Tim Pratt (un prix Hugo) et Michael Swanwick