Madeline Dare, rejeton sans fortune d'une vieille famille wasp de Long Island, éduquée dans un milieu snob et privilégié, végète comme rédactrice pour le journal local et, d'une manière générale, déteste Syracuse, trou perdu où elle doit vivre souvent seule puisque son mari, Dean, issu d'une famille de fermiers des environs, s'absente régulièrement sur des chantiers au Canada. Alors qu'elle rend visite à ses beaux-parents, de vrais rednecks évoluant entre tracteurs, sueur et labeur, on lui montre une plaque d'identité ramassée dans un champ, là même où dix-neuf ans plus tôt deux jeunes filles ont été retrouvées assassinées, avec mise en scène macabre. Du bon boulot de psychopathe. L'ennui, c'est que le nom sur la plaque est celui de Lapthorne, le cousin préféré de Madeline qui dès lors mène l'enquête, avant que les flics s'en mêlent, dans le but d'innocenter le beau jeune homme qui illumina son adolescence. Ses recherches progressent dans l'appréhension générale, avec bientôt un nouveau meurtre et, en toile de fond, une histoire pour enfants tirée du folklore allemand qui sert de leitmotiv au meurtrier. Foires aux machines agricoles, soirées du vendredi avec bière et groupes country locaux, fête foraine baignée de l'odeur de barbe à papa, buveurs aux joues couperosées sont les éléments d'un cadre glauque dans lequel évolue Madeline, soutenue par sa copine Ellis, belle plante bourrée d'hormones, et Kenny, copain de Dean, ex-flic devenu barman. Mettant en scène des paysans laconiques, des anciens du Viêtnam et des midinettes de province, le roman propose également une certaine vision de l'Amérique profonde, proche géographiquement de New York mais au quotidien beaucoup moins trendy.