Mathias Fort est un écrivain poète que les aléas de la vie ont mené à l'emploi du Service canadien du renseignement de sécurité. Il y est fort
apprécié de ces patrons, en dépit de la distraction qui l'afflige depuis l'enfance et qu'il semble avoir héritée de son père. De toute façon, ce qu'on
lui demande, ce n'est pas de se livrer à de l'espionnage, mais plutôt d'« imaginer le pire », c'est-à-dire d'imaginer les drames qui, même s'ils ne
se sont pas encore produits, sont dans l'air du temps. Ainsi, lorsque le pire surviendra, les autorités seront moins surprises et mieux préparées.
Cependant, un jour qu'on lui confie une « vraie » mission, Mathias se trompe d'adresse et se pointe non pas à l'endroit indiqué, mais dans les
bureaux d'une grande production américaine tournée à Montréal. Le film, un thriller d'espionnage, est en rade, car la vedette masculine est
accusée de viol. L'arrivée inopinée de Mathias semble providentielle pour les quelques membres de l'équipe qui n'ont pas encore quitté le
navire. Sans trop savoir ni comment ni pourquoi, il se retrouve bientôt à occuper le fauteuil du producteur.
Jacques Savoie nous donne ici un roman inspiré de l'actualité. Nous sommes précipités, grâce à Mathias, dans une histoire qui nous échappe.
Nous nous retrouvons dans l'exacte situation de tout lecteur de journal ou de tout spectateur des infos à la télé. Vivre les aventures de cet
écrivain devenu producteur par hasard nous permet d'apprendre tout ce qu'il faut savoir de la réalisation au cinéma. Le scénariste Savoie règle
ses comptes avec l'industrie audiovisuelle, pour notre plus grand plaisir. Et il nous donne un roman qui, tout à la fois, défend la liberté de la
littérature et célèbre le courage des femmes qui affrontent une justice où les dés sont pipés en faveur des hommes.