À l'heure où, partout dans le monde, les peuples se tournent vers la république démocratique, mais à l'heure aussi où l'Europe hésite à bâtir une
république commune, que sait-on véritablement de l'histoire de la république européenne ?
Est-elle issue, comme l'affirment nombre d'historiens anglais, des cités antiques et médiévales ? Est-elle née, comme le voudrait un préjugé
francocentrique tenace, de la Révolution française de 1789 ?
En contournant ces deux généalogies, trop longue ou trop courte, la philosophe Blandine Kriegel retrace ici une histoire originale et inédite de
la république moderne. Celle-ci naît en effet de la rencontre inattendue des traditions des républiques de cité et de celle du droit politique
moderne de l'État qui permet à l'insurrection des Pays-Bas néerlandais de vaincre le despotisme impérial de Philippe II. Mieux, tous les États-
nations européens, au premier rang desquels la France et l'Angleterre, contribuent à sa victoire. Mieux encore, le droit politique neuf de cette
première république d'État qui s'affiche dans les discours de Guillaume d'Orange, véritable « Prince moderne », comme dans les Déclarations
d'indépendance des Provinces-Unies, est rédigé par des Français, protestants et « politiques ». L'épilogue de cette histoire culmine avec le «
Grand Dessein » d'Henri IV et de Sully de construire une république européenne... devant laquelle nous trébucherons encore.
La république moderne, une idée européenne ? Ou quand le retour sur le passé peut permettre de frayer la voie à l'avenir.