COMPLOTER, COLONISER, COLLABORER, CORROMPRE, CONQUERIR, DÉLOCALISER, PRESSURER, POLLUER, VASSALISER, NIER, ASSERVIR,
RÉGIR: autant de moyens employés par les multinationales pour faire et défaire les lois et asseoir leur domination sur nos régimes politique et
économique. Faire la somme d'une société pétrolière comme Total, c'est faire la cartographie de cette institution qui domine nos sociétés en ce
début de XXIe siècle.
En se penchant sur le cas d'école de la multinationale Total, active dans plus de 130 pays, Alain Deneault montre comment l'état du droit et la
complicité des États ont permis à une firme, légalement, de comploter sur la fixation des cours du pétrole ou le partage des marchés, de
coloniser l'Afrique à des fins d'exploitation, de collaborer avec des régimes politiques officiellement racistes, de corrompre des dictateurs et des
représentants politiques, de conquérir des territoires à la faveur d'interventions militaires, de délocaliser des actifs dans des paradis fiscaux
ainsi que des infrastructures dans des zones franches, de pressurer des régimes oligarchiques en tirant profit de dettes odieuses, de polluer de
vastes territoires au point de menacer la santé publique, de vassaliser des régimes politiques pourtant en théorie souverains, de nier des
assertions de façon à épuiser des adversaires judiciaires, d'asservir des populations ou de régir des processus de consultation. Chacun de ces
verbes fait l'objet d'un chapitre. Ils représentent une série d'actions sidérantes que l'ordre politique actuel ou récent a permis à des
multinationales de mener en toute impunité, indépendamment des textes législatifs et des institutions judiciaires, ou grâce à eux.
À un totalitarisme psychotique qui a marqué de son empreinte le jeu politique jusqu'au milieu de XXe siècle s'est substitué un totalitarisme d'une
genre nouveau, un totalitarisme pervers. Puisqu'il est toujours plus aisé de combattre une entité que l'on comprend, De quoi Total est-elle la
somme? nous rappelle que les peuples doivent urgemment reconquérir leur souveraineté politique.
Suivi de Le totalitarisme pervers