La revendication aristocratique de distinction a-t-elle encore un sens aujourd'hui ? Fondée sur le principe d'une hérédité, prolongeant le
souvenir d'un privilège et attachée à la permanence des usages, elle paraît en complet désaccord avec la culture dominante qui exalte la justice
sociale et l'aspiration égalitaire.
Depuis près de vingt-cinq ans, Éric Mension-Rigau, en historien, rassemble des sources, côtoie, observe, interroge les descendants des
grandes familles aristocratiques afin de comprendre comment cette « caste », aujourd'hui sans statut officiel, tente de s'adapter aux évolutions
sociales et politiques du monde qui l'entoure. Entre résistance et concession, les nobles français sont en charge d'un héritage qui dépasse
leurs simples familles, dépositaires d'une histoire et d'une mémoire collective qu'ils se doivent d'entretenir.
Entre l'essai sociologique et la recherche historique, Singulière noblesse invite à saisir une catégorie sociale dans sa spécificité, mais aussi
dans le rapport que la société tout entière entretient à son égard, révélant, en creux, notre rapport au passé.
Professeur d'histoire contemporaine à la Sorbonne, où il est titulaire de la chaire d'histoire sociale et culturelle, Éric Mension-Rigau consacre
ses recherches aux élites depuis la Révolution française. Il a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels Aristocrates et Grands Bourgeois
(Perrin, 2007), et plus récemment L'Ami du Prince (Fayard, 2011).