Les cinq premiers siècles de l'histoire de Rome sont présentés par les auteurs antiques comme un mouvement de conquête inexorable de l'
Italie, ponctué de multiples victoires, au point que la suprématie romaine a été conçue a posteriori de façon déterministe.
Cette vision traditionnelle de la conquête romaine doit être contestée car ce processus n'a pas été linéaire et il n'a obéi à aucun plan préconçu.
En effet, des défaites nombreuses viennent souligner des phases de déclin de la cité, bien éloignées d'un schéma de prépondérance croissante
et incontestée. Bien qu'ils privilégient la victoire, les historiens antiques décrivent ces défaites avec précision, détaillant le nombre de citoyens
tués ou faits prisonniers, retraçant le deuil public, l'abandon de la cité par les dieux, s'interrogeant enfin sur la responsabilité des dirigeants
romains.
La documentation antique conservée, littéraire et matérielle, permet d'étudier comment Rome se perçoit lorsqu'elle est vaincue et comment les
ennemis des Romains célèbrent leurs victoires contre la cité latine ; autrement dit, le rôle déterminant des échecs militaires dans les
transformations institutionnelles, religieuses et civiques de Rome entre le VIIIe et le milieu du IIIe siècle avant notre ère.
Agrégé d'histoire, Mathieu Engerbeaud enseigne à Aix-Marseille Université en tant qu'attaché temporaire d'enseignement et de recherche
(TDMAM-UMR 7297). Docteur en histoire romaine, il est lauréat du prix d'histoire militaire 2016 (Ministère des Armées) et du prix SoPHAU 2016
(Société des professeurs d'histoire ancienne de l'Université).