La Révolution française les avait émancipés : elle leur avait accordé les mêmes droits civils et politiques qu'aux autres nationaux à condition qu'ils acceptent de reléguer la pratique religieuse dans la sphère privée. Les Juifs de France jouèrent le jeu et se dévouèrent sans compter à la République, apportant leur contribution au développement de la démocratie et de la laïcité. C'est la grande époque du franco-judaïsme.
Malgré les persécutions antisémites dont ils sont l'objet sous Vichy, les Juifs de France continuent, après la Libération, d'être animés par l'esprit d'intégration républicaine, en dépit de la création de l'État d'Israël (1948). C'est la vague des rapatriés d'Afrique du Nord, après les indépendances, qui donne la première inflexion : les nouveaux venus n'ont pas la même culture de l'intégration que les Juifs issus de l'est européen. La guerre de Six Jours (1967) marque le tournant : Israël attend des Juifs du monde entier un soutien sans faille. S'amorce alors la formation du franco-sionisme : fidélité au pays d'appartenance, bien sûr, mais aussi à Israël et à sa politique, quelle qu'elle soit.