Parues dans divers recueils américains dans la deuxième moitié du XIXe siècle, traduites dans divers volumes chez Grasset à partir de 1957, ces Histoires macabres et flegmatiques de la guerre de Sécession rassemblent treize nouvelles consacrées à l'atrocité de la guerre civile américaine. Ambrose Bierce, lui-même vétéran de ce conflit qui reste à ce jour le plus meurtrier de l'histoire des Etats-Unis (Deuxième Guerre mondiale y compris), aborde les horreurs et les hasards des combats, avec un sang-froid qui en décuple l'épouvante. Dans « Chickamauga », un enfant se retrouve par hasard au milieu d'un champ de bataille où il découvre des monceaux de corps parmi lesquels des agonisants qui l'observent. Dans « Une rude bagarre », c'est un soldat terrifié qui est obligé de dormir à côté d'un cadavre. La peur de monter au front, d'affronter la mitraille, d'avancer sur un champ de bataille où s'abattent les obus, mais aussi l'arrogante élégance des officiers qui semble un dernier défi à la mort, les si beaux paysages hachés par la mitraille, peu d'écrivains ont montré de manière aussi saisissante ce qu'est réellement une guerre.