Le présent ouvrage, rédigé par un philosophe germaniste et hébraïsant, expose l'émergence d'un Emmanuel Levinas dans son entièreté, et dont l'idée centrale consiste à présenter le judaïsme, non pas comme une confession, mais comme une authentique catégorie de l'universel. Levinas a mis en avant les sources talmudiques, notamment le Midrash dont il donne de lumineuses interprétations éthico-philosophiques. Il a refusé de reprendre les enseignements des philosophes judéo-allemands du XIXe siècle qui avaient pourtant jeté les fondements du judaïsme moderne et contemporain. Et s'est placé dans le sillage et sous la tutelle bienveillante du penseur qui a réinséré Dieu au cœur même de la spéculation philosophique, Franz Rosenzweig.
L'apport considérable de ce philosophe-herméneute à la pensée de son temps a transcendé les frontières confessionnelles, linguistiques et géographiques. Ni philosophe juif ni Juif philosophe, mais simplement penseur universel attaché au logos, Levinas pourrait bien résumer le résultat de toutes ses spéculations par cette brève phrase, si récurrente sous sa plume : " Le bien est antérieur à l'être ".