Quatre-vingt-deux lettres et cartes postales, deux poésies, vingt lignes de traduction et une nouvelle permettent de reconstituer l'itinéraire africain de Louis Destouches, de mai 1916 à avril 1917. Anodin, fantaisiste ou sentencieux, le propos y réfléchit la qualité de ses interlocuteurs : son père, sa mère, Simone Saintu, une amie d'enfance, et un camarade d'hôpital, Albert Milon. Mais cette variété ne cache pas tout à fait l'unité d'un caractère où les contradictions abondent. Les mouvements de révolte répondent à l'attachement aux valeurs d'ordre ; la naïveté péremptoire à des comportements plus blasés. Et que d'élans lyriques combattus par l'essai d'un cynisme froid.
L'étape camerounaise semble exemplaire de cette formation aussi décousue qu'opiniâtre. Car il s'agit moins de l'exotisme et de l'originalité du séjour d'un agent commercial de vingt-deux ans que du recul qui lui est brutalement imposé devant les événements (la guerre bat son plein) et devant les hommes.