Peu avant la Révolution, parmi les doléances des Français examinées lors des Etats généraux, l'uniformisation des règles de mesure fait l'unanimité. Afin d'établir une unité de mesure universelle, deux académiciens définissent ce qui va s'appeler le mètre, l'occasion d'une incroyable traversée dans la France révolutionnaire... Une aventure scientifique romanesque en diable.
Extrait :
" « Qu'il n'y ait plus sur le territoire deux poids et deux mesures » : doléance parmi les plus unanimement émises dans les cahiers, l'expression est devenue le symbole même de l'inégalité, de l'injustice et du pouvoir arbitraire des seigneurs qui, par leurs mesures, imposent un surcroît d'oppression à la population. En cette année 1788, ce ne sont pas des dizaines, voire des centaines, mais près de 2 000 mesures qui ont cours sur l'ensemble du territoire français ! D'une province à l'autre, d'un bourg à l'autre, et quelquefois à l'intérieur de la même cité, les mesures diffèrent. Diversité ! Il faudrait dire « diversités » au pluriel, de lieu, d'époque, de matières. Et ce qui est le plus gênant : souvent le même nom recouvre des quantités différentes ; c'est, suivant la formule de Talleyrand, « la différence des choses sous l'uniformité des noms » ".
Denis Guedj était mathématicien et professeur d'histoire et d'épistémologie des sciences à l'Université Paris VIII. Il est auteur de romans, Le Théorème du perroquet, et Génis ou le Bambou parapluie ; et d'essais, dont La gratuité ne vaut plus rien et Le Mètre du monde.