"Pour sortir de mon malheur, il m'a fallu des années d'effort et beaucoup de souffrance". À 29 ans, Samira Bellil reconsidère son passé et se raconte tout entière dans ce récit autobiographique fort et émouvant. Dans l'enfer des tournantes est, comme le dit Samira, "la triste histoire d'une minette de banlieue". À 13 ans, Samira a été violée et battue à plusieurs reprises dans une cité de la banlieue parisienne. Sous le joug d'un caïd local, elle a eu peur, des années durant, de témoigner. Peur des conséquences, peur de la répression, peur du qu'en-dira-t-on. Sans fausse pudeur et sans rien cacher de ce qu'elle a subi et qu'elle nomme "la loi des cités", Samira Bellil confesse le souvenir des violences qu'elle a subies et la perte progressive des repères que cela a entraîné dans son comportement. De la "fille fleur bleue" qu'elle était, elle a été vite considérée comme une "fille facile", puis une "fille à cave". Vite marginalisée, Samira raconte comment elle a été rejetée par sa famille et même par certaines de ses amies. Placée en centre, elle est devenue fugueuse et très vite a tourné autour de la petite délinquance, livrée à la rue et à ses tentations.
Ce témoignage très cru et très brut dans sa forme résonne de vibrants accents sincères. Il dénonce vigoureusement la violence des milieux machistes chez certains jeunes garçons de banlieue. Il témoigne aussi et surtout de la rage de cette femme pour renaître au monde après tant d'humiliations et d'oubli de soi. "Grâce au livre, je pense avoir retrouvé une forme de dignité", affirme l'auteur. Cette confession, aussi douloureuse soit-elle, en valait donc la peine puisqu'elle nous livre au final une vraie leçon de courage. --Denis Gombert --Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.