Nous sommes à San Juan de Pasto, Colombie en 1966, et le carnaval bat son plein. Le gynécologue et père tranquille Justo Pastor Proceso décide de se déguiser en gorille pour effrayer quelques passants lorsque lui vient une idée saugrenue. Obsédé par la figure du héros Simón Bolívar El Libertador qu'il exècre, le bon docteur décide de faire construire un char (titre original du roman, La carroza de Bolívar), non pas pour célébrer le grand homme lors du défilé du Carnaval de Negros y Blancos mais pour jeter à la face des festivaliers les erreurs militaires du Général et toutes ses impostures. D'autant que San Juan de Pasto est le lieu symbolique de la cruauté des troupes de Bolívar car il fut le théâtre en 1822 de saccages, meurtres, et autres atrocités commises par les hommes de Sucre. Hélas pour ce brave praticien, on ne touche pas impunément à une figure historique aussi emblématique, non seulement en Colombie mais sur tout le continent américain. Pour de nombreux citoyens il est un héros, une icône, une figure révolutionnaire, chanté dans les écoles: « On a fait efficacement digérer aux gens la belle histoire de la Colombie avec sa ribambelle d'anges et de héros. ( . ) Ce Bolívar était un sacré fils de pute. » Mais..., dans la Colombie de la fin des années 60 on préfère vivre dans le mensonge plutôt que de remettre les mythes en question. Les habitants de la ville qui ont eu vent du projet n'entendent pas laisser impuni ce crime de lèse-majesté. Le destin de Justo Pastor Proceso est en marche.