"J'étudie l'hébreu, je lis la Bible. Des pages, des mots m'ont révélé une part de leur vérité et m'ont incité à la faire partager. Je n'ai pas adapté le texte à une interprétation, bien au contraire je m'y suis soumis. Pour bien recevoir une révélation, qu'elle soit grande ou petite, il suffit parfois d'être docile, mot qui désignait à l'origine la disponibilité à recevoir un enseignement. La Bible est pour le moins une littérature et le Dieu d'Israël est bien le plus grand personnage littéraire de tous les temps. L'idée que l'infini soit omnipotent et agisse sur son infime créature n'a pas encore été dépassée. Le souffle du Dieu qui fait naître les molécules de boue à la vie humaine offre au destin de chacun le fondement d'une grâce et d'une raison. C'est aux grands livres de le donner. Pour beaucoup, la Bible est un texte sacré. Mais ce qui me touche plus que cette valeur en soi, c'est le sacré qui s'est ajouté, l'ouvre des innombrables lecteurs, commentateurs, savants qui ont consacré à ce livre le plus clair de leur vie. Le sacré de la Bible est devenu, à travers eux, une civilisation. Il m'arrive d'être frappé par la beauté d'un vers qui a perdu son éclat en quittant sa langue maternelle. Ainsi la ligne 39 du psaume 105, où l'on chante Dieu guidant les Hébreux dans le désert. Le texte officiel de l'Eglise le traduit : "Il étendit une nuée pour les protéger." Mot à mot il s'agit au contraire de : "Il étendit un nuage comme un tapis." Illustrer la Bible d'une note nouvelle : non pas pour apposer en bas de page, à l'infini, une autre signature, mais pour refléter une part de la lumière qu'elle offre, même au dernier de ses lecteurs".