À la mort de son père, le professeur Alberto, Pierre découvre un monde dont il avait été jusqu'alors tenu éloigné, un monde fait de malles à double fond, d'épées à lame rétractable, de colombes et de lapins qui sortent des chapeaux. Le jeune homme endosse alors le frac de magicien pour un spectaculaire numéro d'illusionniste avec deux sœurs jumelles. Mais l'illusion se prolonge en coulisses : embrasse-t-il Hilda ou Greta ? Laquelle des deux serre-t-il dans ses bras ? Est-ce Greta ou Hilda qui le repousse ?
« Ce fut un peu avant midi qu'on frappa à la porte. Odette était sortie. On frappa de nouveau et la porte s'ouvrit. Ils étaient deux, en gabardine, le feutre sur l'œil et les mains dans les poches.
- Pierre Doutre ?
- C'est moi.
Ils s'approchèrent lentement, chacun d'un côté du lit. Ils étaient tels que Doutre les avait imaginés, dans ses rêves. Ils n'avaient pas l'air méchants. Ils étaient solides, compacts. L'un des deux, le plus grand, avait une curieuse cicatrice qui courait sur sa joue gauche, comme une fêlure. Ils sentaient le mouillé, la rue, le réel. Doutre se renversa doucement sur son oreiller et sourit.
- Je vous attendais, murmura-t-il... Je vous attendais depuis si longtemps !... »