De tous les témoignages rassemblés par Le Chagrin et La Pitié, celui de Christian de la Mazière, assurément, est un des plus saisissants. Comment les Français se sont-ils comportés durant les années d'Occupation ? Bousculant toutes les idées reçues, le film s'efforçait de répondre à cette question difficile. Son audacieuse objectivité allait lui attirer un succès aussi éclatant qu'imprévu.
Témoin essentiel, Christian de la Mazière avait une tâche malaisée : n'était-il pas un de ces "maudits" sur lesquels on avait laissé le silence s'accumuler, lui, ancien volontaire de la Waffen SS française ? A le voir, à l'entendre, on découvrait soudain que l'aventure de ce "paria" avait sa logique, qu'elle correspondait à un moment de la société française. Ce n'était pas un hasard, si, en 1944, plus de sept mille hommes avaient partagé le même engagement.
De cette division "Charlemagne" qui s'en vint mourir dans les neiges de Poméranie, Christian de la Mazière est un des derniers survivants.