Un père aime son fils qui aime son père. Tout cela se vit sans éclat, dans une modeste maison, raconté à mots feutrés par le fils. Une rivière verte et silencieuse est un texte intemporel, dans une ville indéfinie, avec son usine de compresseurs au milieu d'une vaste étendue d'herbes hautes. Dans ces étendues grasses, le narrateur a creusé un tunnel à ciel ouvert, véritable refuge dans lequel il marche, imagine et rêve d'un bras de rivière traversé par un pont, une rivière verte et silencieuse. Le père a été ouvrier dans l'usine de compresseurs. Maintenant, il désherbe les pelouses des contremaîtres de l'usine. C'est un échec qui s'engourdit dans un quotidien précaire. Père et fils comptent alors sur leurs plantations de rosiers dans une centaine de pots qui rapporteraient assez d'argent pour vivre sans la hantise du lendemain. En attendant, on échange des jeux dérisoires, des silences songeurs, des têtes à têtes autour des repas, un rituel de la prière fondée sur l'espoir. Au bout des silences, des phrases courtes, il s'agit pour le narrateur de reconsidérer le père, de le mieux saisir, de pouvoir l'évoquer avec fierté, loin du "raté" méprisé par tout le monde.