Si Londres est célèbre depuis longtemps pour l'effervescence de sa vie musicale, l'envers du décor n'est pas toujours aussi reluisant, comme en témoignent les mésaventures de William, un jeune compositeur ambitieux qui ne cesse de se heurter aussi bien dans sa vie quotidienne que dans ses ambitions professionnelles à toutes sortes d'avanies. À commencer par le meurtre d'un de ses confrères assassiné sous ses yeux par deux nains cagoulés. Dans ce troisième roman, écrit juste avant Testament à l'anglaise, Jonathan Coe met en scène tout un monde interlope de musiciens ratés, de barmaids écossaises et de managers louches. Pour William, la vie est un cauchemar, les séances d'enregistrement tournent au drame, ses amours sont sans espoir et pour avoir été témoin d'un crime il en devient aussi le principal suspect. Conçu comme une véritable composition musicale avec intro, interlude, solo, reprise. Les Nains de la mort (c'est aussi le nom d'un groupe punk des années soixante-dix) explore avec l'efficacité d'un thriller tout un pan de la société britannique. Mais la satire sociale, dont l'auteur s'est fait une spécialité, même si elle est sévère, ne va pas sans humour et même une sorte de tendresse pour tous ces paumés qui s'efforcent avec une ténacité touchante, et des résultats discutables, de se faire une place au soleil au royaume de la perfide Albion.