Andréi ne dit pas un mot de plus. Tous deux restaient silencieux, à l'affût du moindre bruit inhabituel, de la moindre vibration, torsion ou craquement susceptible de révéler la présence d'une autre entité en ces lieux isolés de tout, y compris de la lumière. Le silence fut d'abord total, exception faite du son ténu et régulier engendré par le mouvement vertical de la plate-forme. Ensuite vinrent de petits bruits sourds, mats, comme si quelque chose tapait sur les parois extérieures du tube, puis plus rien. De nouveau, le silence et le ronronnement de la machine.
Encore des tapotements, plus forts cette fois-ci. Retour au calme. Pas pour longtemps. Une énorme vibration parcourut toute la longueur du tube, résonnant comme un rugissement étouffé, emprisonné à l'intérieur de ce cylindre vertigineux. On aurait dit qu'il venait de s'engouffrer tel un cri, un hurlement qui chercherait désespérément à rejoindre la surface en empruntant ce conduit providentiel.
- Là ! Tu entends ?
Jovis sentait son sang se glacer. Il ne put s'empêcher de repenser à Balti, à son atterrissage in extremis et surtout aux mots que ce dernier avait employés pour lui décrire ce qui l'attendait alors qu'il le qualifiait de suicidaire. " Moi non plus j'aimerais pas être à ta place quand tu seras là-dessous. Question de point de vue ! ". Pas sûr qu'il n'aurait pas préféré en effet se trouver de nouveau dans l'hélico de Balti.