Parce que sa femme l'a quitté, Augustin se voit contraint de vendre la maison où ils se sont aimés, où ils ont élevé leurs enfants et où il a toujours pu se consacrer à l'écriture. Le jour du déménagement le crucifie. Incapable de supporter ce spectacle, il entasse fiévreusement dans le coffre de sa voiture les objets dont il ne peut se passer et s'enfuit. Expulsé de lui-même, hors de lui au sens littéral du terme, il se lance alors dans une course affolée, en quête du moyen d'apaiser cette angoisse qui le dévore. Il parcourt ainsi la France à la recherche d'un repère, d'un lieu où se réfugier. Tandis qu'il roule et fouille dans ses souvenirs devenus des cendres illisibles, l'image de sa mère s'impose insensiblement, cette femme tant haïe, que l'expulsion de son bel appartement de Neuilly avait précipité dans la folie un demi-siècle plus tôt. Serait-il en train de vivre le même effondrement ? Augustin court, roule. Il traverse des paysages, bute en aveugle sur les personnages que le hasard place sur sa route, rencontre une femme qui le poursuit d'hôtel en hôtel. Puis il endosse une fausse identité et se fait embaucher comme ouvrier dans le château familial, près de Bordeaux, celui-là même où sa mère a grandi. Égaré, furieux, magnifique et désespéré, Augustin s'acharne à reconstituer l'histoire de cette femme qu'il aura fuie toute sa vie, et enterrée sans une larme. À mesure qu'il comble certaines énigmes, son regard sur elle finit par s'humaniser...
Mené d'un train d'enfer à la manière d'un extravagant road movie, ce nouveau roman aux accents burlesques redessine avec une invention rare l'univers singulier que Lionel Duroy explore depuis de longues années.