"Tu erres ici et consumes ta vie pour une chétive écolière et tes nuits sont pleines de rêves désolés. Et un air étouffant stagne autour de ta tête, un air empesté d'antan. Cependant qu'au ciel frissonne le plus merveilleux des bleus et que les montagnes appellent. Viens, Esope, ohé !" Publié en 1894, quatre ans après "La faim", qui le fit connaître, "Pan" est l'un des plus célébres romans de Knut Hamsun. La plus belle de ses histoites d'amour sans doute, et, indéniablement, la plus poignante, amour d'un "fils de la forêt" pour la nature, amour d'un homme et d'une femme comme une longue déchirure.
"Pan" est, après "La Faim", le second et incontestable chef-d'œuvre de Knut Hamsun. Portrait d'un être complexe, le lieutenant Glahn, qui ne conquiert son unité que « dans un rapport privilégié avec la nature, le roman campe un personnage moderne, dans les pensées et les sentiments duquel il se produit des bonds délicats et arbitraires ». Glahn est chasseur, fils de la forêt, ermite vivant dans une hutte avec son chien pour toute compagnie. Mais la femme flaire toujours la piste du solitaire.
Le chasseur est débusqué, pourchassé par une jeune fille, l'androgyne Edvarda, qui n'a de cesse qu'il ne tombe à ses genoux, esclave d'amour à perpétuité... Dans la lumière de l'été du Nordland, l'ombre d'Edvarda, souveraine et fantasque, plane sur la vie, les jours, les pensées de Glahn, l'orgueilleux devenu pantin, qui, dans un sursaut de révolte, prend à son tour une esclave d'amour, Eva la servante, éperdue de tendresse pour l'égaré.