Le mot et le concept d'État sont entrés en scène au XVIe siècle. Depuis lors, l'État, par ses axiomes de base et par sa construction institutionnelle, confère à la politique sa figure moderne. Il répond, en sa génération et en ses structures rationnelles, à l'idée d'une puissance souveraine qui trouve son expression dans une pyramide de normes juridiques et a pour finalité d'œuvrer au bien commun.Inscrite dans l'historicité du monde, l'institution étatique est vouée, comme toute œuvre humaine, à connaître des errements et à traverser des crises. Elle est ainsi le lieu de transformations qui remodèlent la silhouette qu'en avaient dessinée les grands siècles de la modernité. Mais ces métamorphoses ne sont pas le prélude à la « mort de l'État » annoncée par certaines philosophies contemporaines qui se disent « post-modernes ». S'il est vrai que, sur le plan interne comme sur le plan international, s'opère aujourd'hui un renouvellement de l'appareil juridique de la puissance d'État, ces mutations n'occultent pas la permanence de ses principes fondateurs.Entre l'anarchie de l'état de nature « sauvage et sans lois » et l'utopie de la communauté universelle d'un peuple d'anges, l'État, en obéissant à une Idée de la raison, demeure, par son appareil normatif, le garant de l'ordre public et de la liberté des citoyens.