Une gare perdue au fin fond de la Russie, dans la boue, le froid, les relents de chou et de vodka. Et toutes les nuits, un train qui passe. Nul ne sait d'où il vient, où il va, ni ce qu'il transporte. Dans ce no man's land isolé du reste du monde vivent des gens qui aiment, espèrent, tuent et meurent, empoisonnés par l'attente d'une réponse qui ne vient jamais, par un mystère qu'il leur est interdit de chercher à connaître sous peine de mort.
Il est difficile de qualifier ce récit court et puissant: trop cru, trop réaliste pour être une simple parabole, c'est pourtant du destin de la Russie et du destin de l'homme qu'il nous parle. Tout en plongeant le lecteur dans un monde concret de terre, de fer, d'odeurs, de bruits, de chair et de sang, il relève de la même veine mythique que Le Désert des Tartares et débouche insensiblement sur une dimension tragique qui nous dépasse.
Youri Bouïda est né dans la région de Kaliningrad en 1954. Il a publié depuis 1992 plusieurs romans en Russie, où son oeuvre jouit d'un très grand prestige. De lui, les Editions Gallimard ont également publié Yermo (Du monde entier, 2002), La fiancée prussienne et autres nouvelles (Du monde entier, 2005), Potemkine ou Le troisième coeur (Du monde entier, 2012).