Pendant trente ans, cette Histoire forma le bagage de base, la référence initiale de tout étudiant " japonologue ", à l'époque où ceux-ci étaient encore relativement peu nombreux, ce qui explique sans doute au passage l'écho plutôt faible - selon nos habitudes d'aujourd'hui - donné par les revues historiques savantes à cet ouvrage qui reste, contre vents et marées, un monument. Monument par son volume - près de mille pages imprimées en petits caractères dans la présente édition-, mais aussi par la période embrassée, des origines du Japon à 1868, et par la masse des sources japonaises puisées aux meilleures éditions de documents disponibles à l'époque : en somme, une œuvre à mi-chemin entre Michelet et Lavisse, et dont l'auteur a pratiqué suffisamment le métier de diplomate pour bien connaître le poids - relatif peut-être, mais contraignant - des institutions et des hommes. Car telle se présente l'histoire du Japon sous la plume de Sir George : une histoire d'hommes, avec des personnages qui l'ont visiblement fasciné. De même que, jadis, les jésuites missionnaires avaient révélé à l'Europe pensante - à Montaigne par exemple - la grandeur de l'Empire chinois, Sansom a contribué à faire entrer définitivement le Japon dans la conscience historique européenne du XXe siècle.