L'univers absurde d'une station thermale spécialisée dans le traitement de la stérilité sert de décor à cette valse mi-tragique, mi-grotesque. Dans cette lutte éternelle entre les visions masculine et féminine de l'existence, avec un sens aigu de la dérision, Kundera nous invite à une parenthèse dialectique dont les deux volets, mouvement et immobilité, ne sont qu'une traduction des deux pôles identitaires qui sous-tendent toute son oeuvre : l'individu et le groupe. Dans ce lieu où la stérilité est soignée par le mensonge, la perspective d'une naissance est à la fois une promesse de vie pour Ruzena et une menace de mort pour Klima. Autour d'eux gravitent des personnages qui s'adonnent à la danse triste et dérisoire de l'amour et de la dissimulation. Au bout du compte, ceux qui étaient de passage quittent la piste, laissant derrière eux des séquelles irréparables. La parenthèse une fois refermée, on a le vague sentiment que les personnages ont passé leur temps à essayer de prendre congé d'une partie de leur vie pour mieux se construire.